Compliqué le métier de retailer aujourd’hui, diront les pessimistes. Passionnant, leur répondront optimistes et enthousiastes. Il faut dire que dans un monde où la consommation est de plus en plus montrée du doigt, il pourrait être tentant de jeter le bébé avec l’eau du bain… Pourtant, consommer durable est aujourd’hui une alternative accessible et facile à adopter grâce à une offre qui ne cesse de s’étoffer dans de nombreux domaines. Mais qui n’est peut être pas sans danger pour la pérennité d’un modèle économique qui s’est bâti sur la croissance et le toujours plus…

L’univers de la consommation peut-il sérieusement envisager une transition vers une logique durable sans pour autant se perdre ? Vaste question. D’autant qu’apparaissent sur le marché de plus en plus d’alternatives durables à tous nos produits de consommation courante. Alors, un consommateur responsable est-il finalement un “bon consommateur ?”

Qu’est-ce que la consommation durable ?

La consommation durable a été définie très précisément en 1994 par le Ministère de l’Environnement norvégien et recouvre : “l’utilisation de services et de produits qui répondent à des besoins essentiels et contribuent à améliorer la qualité de la vie tout en réduisant au minimum les quantités de ressources naturelles et de matières toxiques utilisées, ainsi que les quantités de déchets et de polluants tout au long du cycle de vie du service ou du produit ;  de sorte que les besoins des générations futures puissent être satisfaits”. Une définition à laquelle tentent de répondre aujourd’hui de plus en plus de marques ou de distributeurs. Il faut dire qu’il y a urgence.


La consommation durable : pour en finir avec le plastique ?

Chaque année, dans le monde, ce sont plus de 13 millions de tonnes de plastique qui finissent dans nos océans. Les conséquences sont désormais bien connues de tous : pollution du biotope marin, empoisonnement des espèces et bien sûr un continent de plastique de près  d’1,7 million de km2 à la dérive, responsable de la mort de millions d’espèces. Rien d’étonnant donc à ce que la consommation durable cherche à réduire le problème. Comment ? Tout d’abord en éliminant la principale source : les emballages. Sur les 400 millions de tonnes de plastique produites tous les ans, 158 millions sont exclusivement destinées aux emballages. Heureusement, les choses changent peu à peu et distributeurs et industriels proposent de plus en plus d’alternatives compostables et même comestibles pour leurs emballages.

Mais au-delà du contenant, ce sont désormais les produits eux-mêmes qui sont au centre de toutes les attentions.


La consommation durable s’invite dans tous les rayons.

Emballage alimentaire et essuie-tout réutilisables, rasoirs aiguisables à l’infini, couches lavables, produits ménagers à faire soi-même… tirés par le “zéro déchet”, les biens de consommation durables deviennent en effet, après le gaspillage alimentaire, le nouveau cheval de bataille des retailers, spécialisés ou non. De plus en plus d’enseignes ou de pure players proposent ainsi des alternatives à nos produits de tous les jours, à l’image de PAOS. “Le futur sent bon” clame cette jeune pousse française qui s’est lancée en 2018 dans la création et le commerce de produits d’hygiène durables et responsables. Sa bête noire ? Le tube de dentifrice. Avec sa durée de vie relativement courte, sa composition 100% plastique et surtout sa très grande consommation (tout au long d’une vie, chacun d’entre nous en utilise environ 275), c’est LE produit à bannir de nos salles de bains.


Demain des alternatives durables pour tous nos besoins ?

Pour le remplacer PAOS propose une version à croquer. Fini le bon vieux tube : place désormais à un petit cachet qui sous la dent et l’effet de l’eau se change en pâte. Il ne reste plus qu’à utiliser sa brosse à dents (en bambou et/ou à tête remplaçable pour rester dans la logique durable) pour un brossage selon les règles de l’art. S’il est encore trop tôt pour constater ou non le succès du produit, l’engouement est lui bel et bien là. En témoigne la campagne de crowdfunding lancée au démarrage du projet dont les objectifs de préventes ont été dépassés de… 2308 % ! Preuve en est que le durable serait donc “sexy”…


Consommation durable ou engagée ?

Car finalement, le consommateur s’y retrouve… et le retailer aussi. Le premier trouve ici de quoi répondre à ses besoins, en restant fidèle à ses engagements responsables. Le second commerce en proposant des produits adaptés et de qualité qui répondent aux enjeux durables. Parfait, donc ? Peut-être pas complètement. Car si la démonstration tient la route sur des produits somme toute éphémères, des consommables, qui n’induisent pas de perte importante de confort pour le client final, qu’en sera-t-il pour des produits plus engageants comme le textile ou l’équipement ? Que se passera-t-il lorsqu’il faudra se réfréner ? Sortir de l’achat d’impulsion ? Arbitrer… et peut-être se priver ? Difficile encore à dire, à moins que…

A moins que l’achat d’occasion et de seconde main vienne par exemple compenser et responsabiliser nos futures envies de shopping. 


Crédit : France Info, LSA, PAOS