Les temps changent. Autrefois, sur l’échelle de valeur, le produit neuf était tout en haut, le déchet tout en bas. Mais petit à petit, sous le regard et le talent de certains, ce rebut déconsidéré est en train de changer de signification et plus encore de statut social.

Rien qu’en France, le secteur industriel rejette 1/3 de sa production sous forme de rebut. Un véritable gâchis au regard des possibilités offertes par ces matériaux. Heureusement, de plus en plus de créateurs et d’entreprises apportent un regard neuf sur ces rejets et inventent un monde “déchet friendly” autour de la valorisation des déchets.

Pourquoi nos déchets prennent de plus en plus de valeur ?

Lorsqu’une voiture neuve sort de la concession, elle perd en moyenne 20% de sa valeur. Une décote immédiate et pour ainsi dire totalement disproportionnée au regard de l’usure même du véhicule. Mais un écart qui témoigne bien de la différence encore perçue entre “le neuf” et “l’état neuf.” Pourtant, petit à petit la valeur d’usage d’un objet, et de son statut de déchet, est en train d’être repensée.


La valorisation des déchets, du recyclage à l’upcycling 

Le déchet n’est plus sale, vieux ou dégoûtant, bien au contraire. C’est ainsi que l’entreprise SEA2SEE récupère et recycle les plastiques des filets de pêche et des cordages abandonnés en mer pour les transformer en lunettes. A ce jour, 263 tonnes ont ainsi été collectées au large de l’Espagne et du Ghana. Là oÙ certains voient des déchets, d’autres y puisent des matières premières, à l’image de MAXIMUM. Depuis 2016, cette entreprise française récupère en effet des déchets industriels pour en faire des objets design, de qualité, fabriqués en France, mais accessibles : barrières de sécurité transformées en bancs et banquettes, poudres plastiques issues de l’industrie qui deviennent des sièges design aux teintes uniques ou encore tubes d’échafaudage réutilisés pour des bureaux ou des tables… une valorisation des déchets qui leur redonnent de l’importance.

Et le plus beau dans tout ça, c’est que tous ces objets ne sont pas considérés comme des objets dépréciés. 


Quand les déchets ont la cote.

Bien au contraire, de par leur “parcours”, ils ont acquis un certain capital positif aux yeux des acheteurs, ce qui leur confère, au final, une valeur marchande peut-être plus importante qu’un produit neuf. La valorisation des déchets entre ainsi de plus en plus dans le processus de création.

Rien d’étonnant donc à ce qu’on retrouve de plus en plus ce type de produits ou de démarches dans des lieux plutôt tendances. Lors de l’édition 2018 du salon WantedDesign à Manhattan, le Zero Waste Bistro a ainsi ouvert ses portes. Non seulement, le restaurant a conçu sa carte en s’appuyant sur des aliments d’ingrédients locaux et bio, mais les murs mêmes du restaurant avaient été conçus et fabriqués à partir d’emballages Tetra Pak recyclés, offrant aux clients une structure aux reflets bleus argentés très design. Upcycling, recyclage, revalorisation… les initiatives se multiplient un peu partout. De là à créer une pénurie de déchets ? C’est peut-être à souhaiter !