10 milliards de dollars. Voilà le chiffre d’affaires estimé que va générer en 2020 le marketing d’influence. Un chiffre en constante progression depuis ces dernières années, lié surtout à l’explosion du social commerce et qui témoigne du poids de ce secteur dans l’économie mondiale. Rien d’étonnant donc à ce que ses principaux acteurs, les influenceurs, disposent aujourd’hui de structures dédiées, comme d’une banque.

Accorder des facilités de paiement ou un crédit en fonction du nombre de followers ? Et pourquoi pas ! C’est en tout cas l’idée de KARAT, une néo-banque américaine exclusivement réservée aux influenceurs. Un nouvel acteur bancaire sur un marché en plein essor et une nouvelle preuve de l’importance croissante des réseaux sociaux dans nos vies.

Une banque qui s’appuie sur la e-réputation.

Elle s’appelle KARAT. Et comme toutes les start-up, elle cherche à disrupter son marché en s’appuyant sur un manque ou sur un nouveau besoin identifié. Ici, il s’agit tout simplement de l’absence de prise en compte par les acteurs bancaires traditionnels des influenceurs du digital. Nombres de likes, de followers, de vues, revenus générés par le placement produits… c’est sur cette toute nouvelle économie prometteuse qu’a choisi de parier l’entreprise californienne. Fondée par un ex-chef de produit d’INSTAGRAM LIVE et par un investisseur, KARAT ambitionne d’accompagner tous les créateurs de contenus sur les réseaux sociaux comme YOUTUBE ou TWITCH en leur proposant produits bancaires et accompagnement adapté à leur activité et à son développement. Elle vient d’ailleurs pour cela de lever 4,6 millions de dollars.


Une carte bancaire réservée aux “gros influenceurs”.

La néo-banque a ainsi lancé son tout premier produit : la KARAT BLACK CARD. Une carte de crédit que les influenceurs peuvent utiliser pour leurs dépenses professionnelles (achat de matériels, formations…). A l’ouverture, ils reçoivent un bonus de 250 $, profitent de 2% à 5% de remise chez certains partenaires et de la suppression des intérêts. Il est possible d’apposer son propre logo sur la carte. Digitale et sociale, jusqu’au bout, KARAT a même rendu  la souscription possible par INSTAGRAM. Destinée seulement aux influenceurs, la BLACK CARD n’est cependant pas ouverte à tous ces derniers. Ses créateurs la destinent avant tout aux influenceurs qui vivent de leur activité, présents sur des plateformes connues, où l’engagement est important pour y percer, (en clair, YOUTUBE plutôt que TIKTOK) et disposant au moins de 100 000 abonnés.


Bien maîtriser sa e-réputation : un enjeu d’avenir ?

Pour les consommateurs, de plus en plus nombreux à chercher à tirer profit de leur popularité (même modeste) sur les réseaux sociaux, cette néo-banque offre un levier supplémentaire de valorisation : des personnes talentueuses, mais sans moyens, peuvent désormais obtenir des capacités d’investissement auxquelles elles n’auraient pas pu prétendre autrement. On peut cependant craindre que ces pratiques bancaires ne renforcent encore une tendance lourde. Celle d’un monde de plus en plus dominé par une forme de dictature de la e-réputation et de tout ce qui la compose : mise en avant de soi, clashs, hyperprésence, selfies perpétuels…. Ceux qui ne souhaitent pas jouer ce jeu et qui refusent d’exister en ligne, seront-ils bientôt pénalisés dans le monde physique ?