Si les déchets sont un problème dans bien des sociétés, pour d’autres, ils constituent une chance et mieux encore une source de revenus non-négligeables. C’est notamment le cas en Inde, où le tri et la collecte font vivre des millions de gens souvent démunis. Une startup s’est donnée pour mission de rendre ce travail plus équitable et surtout plus efficace.

En Inde, 91% des déchets collectés se retrouvent dans des décharges à ciel ouvert. Une situation catastrophique pour l’environnement, mais une aubaine pour des millions de travailleurs informels. Depuis 2014, une startup les aide à professionnaliser leur activité, tout en développant la culture de la collecte, du tri et du recyclage. Un exemple réussi d’entreprenariat social.

A quoi sert la valorisation des déchets ?

Upcycling, recyclage, revalorisation…Depuis quelques années déjà, les déchets ont la cote. Comprenez qu’ils ne sont plus uniquement perçus comme une charge, mais bien plutôt comme une matière première utile et même de plus en plus valorisante aux yeux des consommateurs. De nombreuses marques n’hésitent désormais plus à les intégrer dans leur process de fabrication. Mais avant d’en arriver là, ces “petits trésors” doivent auparavant être collectés et triés. Un travail ingrat, souvent peu valorisé et valorisant, mais sans lequel rien ne serait possible. Cette économie invisible, une entreprise à vocation sociale a décidé non seulement de la cartographier, mais en plus de l’organiser pour la rendre plus efficace et plus rémunératrice.

Une femme tenant un gros sac plastique dans les mains

Pour valoriser les déchets : professionnalisons la collecte !

5 000 tonnes de déchets. Voilà ce que produit par jour la ville de Chennai en Inde, mégalopole de 9 millions d’habitants. Ici, la collecte et le tri reposent d’abord sur des dizaines de milliers de “récupérateurs-entrepreneurs de déchets”, les “Kabadiwalla”. Ces travailleurs de l’économie informelle, vivent ainsi de la revente de ces déchets collectés un peu partout en ville. Ensemble, ils forment un maillon indispensable dans la chaîne de traitement des détritus, que deux chercheurs se sont mis en tête de réorganiser. Ils ont ainsi créé en 2014 la start-up KABADIWALLA CONNECT (KWC). Leur but : optimiser et surtout professionnaliser cette activité afin de la rendre plus vertueuse. Un pari en passe d’être gagné.

Logo Kabadiwalla Connect

Cartographie, appli et logistique au service de la valorisation des déchets.

Pour ce faire, KWC a entrepris de recenser l’ensemble de ces travailleurs, puis de mettre à leur disposition tout un ensemble d’outils logistiques, à commencer par des applis mobiles. Ces dernières apportent aux 2 000 Kabadiwalla de la ville toutes les informations utiles pour collecter et revendre au mieux PET, métaux, verre… Des prix pratiqués en temps réel, aux itinéraires recommandés de collecte, en passant par le volume déjà traité, chaque récupérateur dispose désormais d’un véritable tableau de bord digital, à même de l’aider au quotidien à générer de la valeur pour lui-même mais aussi pour la planète. On estime ainsi qu’en réduisant de 70% la mise en décharge de tous ces déchets, les villes indiennes pourraient demain économiser 3,5 milliards de dollars, sans parler bien sûr de l’impact écologique lié à leur incinération. VEOLIA, référent mondial dans le traitement des déchets, s’est montré intéressé par le projet et réfléchit même à adapter le modèle KWC à d’autres pays du Sud-Est asiatique et à l’Afrique. Une initiative salutaire en attendant le jour où il n’y aura plus de déchets à ramasser…

Une femme assise parmis des déchets

Crédit photo ; Kabadiwalla Connect, Veolia, iStock