En quelques années, le vrac est passé de phénomène confidentiel à vraie tendance de consommation. Une tendance qui va pousser les distributeurs historiques, comme les industriels à revoir leur schéma de développement.

Et vous comment le vrac va-t-il impacter votre business ?

Avec plus de 200 épiceries spécialisées dans la vente en vrac, la France est le 1er pays du monde dans ce secteur. Rien d’étonnant donc à ce que les enseignes s’y développent de façon soutenue et régulière. Dans le cadre de la Semaine du Développement Durable, #oneday vous emmène à la rencontre de ces enseignes qui emballent de plus en plus de monde.

DAY BY DAY, le leader.

DAY BY DAY, c’est un concept 100% français lancé en 2013 par 2 associés, qui ont assez vite vu (re)venir l’importance de la proximité dans le parcours client. Ils ont donc choisi d’en faire leur cheval de bataille.Proximité physique du magasin, d’abord, puisque chaque point de vente Day by Day fait en moyenne 60m2 et est situé en centre ville. Proximité des produits ensuite avec une offre majoritairement nationale.

Du riz, des pâtes, du shampoing et demain des alcools…

L’enseigne propose environ 750 références sur ce qu’on nomme le vrac de placard, en opposition au vrac de frigo, composé lui de fruits, légumes, viandes et fromages. Ici, on trouve bien sûr fruits secs, confiserie, graines, condiments, thés mais aussi produits d’entretien ou encore croquettes pour chiens ou chats.Les clients sont en majorité des curieux (50 à 60% de la fréquentation) mais aussi des engagés pour qui le vrac représente une vraie alternative au “tout emballé” et à la surconsommation.

Objectif : démocratiser le vrac.

Malgré ce déploiement, le vrac est encore trop perçu comme élitiste, cher et contraignant. Pourtant à qualité de produit égale, le vrac est en moyenne moins cher puisque l’emballage peut représenter jusqu’à 40% du prix du produit. Pour lever les freins, les acteurs s’organisent. Certains autorisent leurs clients à venir acheter viande, fromage, charcuterie ou encore poisson avec leurs propres contenants. D’autres développent même de nouveaux concepts.

Le Drive Tout Nu

C’est le cas du DRIVE TOUT NU qui propose de venir récupérer ses courses “zéro déchet” après avoir passé commande sur le site web. L’enseigne s’occupe de conditionner chaque commande dans des bocaux ou des sacs en toile réutilisables. Le principe est celui de la consigne inversée : le client ne paye pas ses contenants à la 1ère commande, mais il perçoit un bon d’achat de 10 cts par contenant rapporté, à valoir sur sa prochaine commande. Pour l’instant uniquement implanté sur Toulouse, le DRIVE TOUT NU espère exporter son concept un peu partout en France. Mais le vrac ce n’est pas seulement de l’alimentaire.

Remplir, réutiliser, répéter.

C’est le cas notamment d’AROMA-ZONE, un réseau français de 130 boutiques qui proposent plusieurs centaines d’ingrédients et plus de 2000 recettes à faire soi-même pour créer ses produits cosmétiques et donc se passer de produits conditionnés. Autre acteur, FILLGOOD.CO, un site web basé à San-Francisco et lancé par une française Stéphanie Régni. L’idée : abandonner définitivement le plastique au profit de bocaux rechargeables. Le site propose ainsi de livrer savon, shampooing, lessive dans des contenants en verre. Contenants qui sont ramassés, nettoyés et re-remplis avant d’être à nouveaux distribués. Le principe connaît un vrai succès et vient même d’être complété par une boutique physique, le Refill Corner, qui permet aux clients de venir directement remplir leurs contenants, évitant ainsi le prix de la livraison (environ 15% du prix total).

Prise de conscience.

S’il est vrai que le vrac ne représente que 10% du CA dans la GMS et les réseaux spécialisés bio, l’intérêt est cependant grandissant. Preuve en est, le secteur sous l’impulsion de DAY BY DAY, s’est doté en 2016 d’une association, Réseau Vrac. Elle regroupe pas moins de 650 professionnels (franchisés, indépendants, fournisseurs de produits ou de services). Objectif : faire avancer la cause, structurer le marché, lui permettre de faire évoluer la législation sur certains produits (comme les AOP, dont le label comporte une obligation de conditionnement sur la zone de production).

Et les marques alors ?

Pas facile aujourd’hui pour elles de se projeter dans un marché qui les “déshabille”. Pourtant, à l’instar du bio, la tendance s’installe de plus en plus dans les habitudes des consommateurs (le lancement récent en France de LOOP, le site e-commerce zéro déchet, en est une bonne illustration).

Il est donc légitime qu’elles trouvent comment s’y raccrocher… sous peine de se voir dépasser et même doubler par ces nouveaux acteurs.