L’économie circulaire, beaucoup en parlent, certains la mettent en place, mais peu la maîtrisent encore. Surtout aussi bien que INTERFACE, une entreprise américaine qui l’éprouve déjà depuis 25 ans. Une expérience précieuse, à l’heure où chacun doit s’interroger sur son empreinte écologique et son modèle économique. A l’occasion de la Semaine du Développement Durable, retour sur cette aventure inspirante.

Chaque année, au milieu de l’été, nous apprenons que notre planète a épuisé ses ressources annuelles et que nous vivons pour ainsi dire à crédit. Une date qui intervient chaque fois de plus en plus tôt et qui repose tout naturellement la question de l’économie circulaire.

Quand un industriel s’interroge…

INTERFACE. Le nom de l’entreprise ne vous évoque peut-être rien. Pourtant, il y a fort à parier que vous avez déjà foulé du pied l’un de ses produits. INTERFACE est en effet l’un des leaders mondiaux des revêtements de sols dans les locaux professionnels.Un marché, sur le papier, pas très en phase avec les problématiques RSE… et pourtant…En 1994, Ray Anderson, PDG de l’époque, trouve sur son bureau une note mentionnant qu’une association de consommateurs se posait des questions sur l’impact environnemental de l’entreprise. Il n’en fallait pas plus pour faire naître dans l’esprit du boss questions mais aussi réflexions.Quelques mois plus tard, il mobilise l’ensemble de ses collaborateurs sous le projet “Mission Zéro”.


7 objectifs à atteindre d’ici 2020.

Zéro déchet, zéro émission nocive, utilisation des énergies renouvelables, recyclage, optimisation des transports, sensibilisation des parties prenantes et promotion d’un nouveau modèle d’affaires plus responsable.Tels sont les 7 objectifs fixés par le PDG pour que INTERFACE devienne “la première entreprise industrielle respectant entièrement les lois du développement durable”.A la veille de l’échéance et au vu des chiffres, on peut dire que le pari est gagné.


Résultats ?

En moins de 25 ans, INTERFACE a réussi à réduire de 94% ses déchets, de 83% sa consommation d’eau, de 39% sa consommation d’énergie et de 73% ses émissions de CO2. L’entreprise intègre en plus dans sa production 49% de matières premières recyclées. Mais il y a un chiffre qui est peut être encore plus parlant : 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.Il permet à lui seul d’affirmer qu’il est tout à fait possible de combiner réussite entrepreneuriale et respect de la planète. Une démarche qui continue d’ailleurs à inspirer et guider les équipes en place.


Des filets de pêche pour remplacer le pétrole

Conception des produits, business model, formation des collaborateurs…INTERFACE ne cesse d’innover tout en continuant à se mobiliser autour de ses objectifs.C’est ainsi qu’elle s’est mise en tête de trouver des alternatives au pétrole, sa principale matière première.Elle l’a ainsi remplacée en partie par des fibres bio-sourcées issues de l’huile de lin, mais aussi, plus surprenant, par… des filets de pêche usagés !A travers son programme Net-Work, INTERFACE a ainsi collecté depuis 2012 sur les côtes des Philippines et du Cameroun plus de 220 tonnes métriques de filets de pêche, qui ont directement pu être recyclés et intégrés à la production de nouvelles dalles de sols.Une démarche qui a permis de mobiliser les habitants de ces régions, de développer l’économie locale mais également de nettoyer les océans et donc de créer un environnement plus sain. Un autre bel exemple d’économie circulaire.


Bio-mimétisme et nouveau modèle économique.

Mais l’entreprise ne s’arrête pas là. Elle s’inspire notamment de la nature pour créer de nouveaux produits sous l’angle du bio-mimétisme. Elle a ainsi par exemple développé un nouveau système de fixation moins polluant, directement calqué sur les pattes du gecko, un petit lézard capable de grimper partout.
Côté business model, là encore l’entreprise a révolutionné son approche en privilégiant l’économie de fonctionnalités avec son programme Evergreen Lease. Un système d’abonnement qui permet à INTERFACE de louer ses revêtements de sol. Elle en reste ainsi propriétaire ce qui lui permet d’en assurer l’entretien, le remplacement, la récupération puis le recyclage.
Et ce ne sont là que quelques exemples parmi encore tant d’autres… qui démontrent bien à quel point l’économie circulaire peut véritablement transformer une entreprise et avoir un impact sur la planète toute entière.